L'assurance récolte s'essoufle en 2024
Si Pacifica et Groupama dressent un bilan 2023 de la réforme de l’assurance récolte plutôt positif, ils se veulent plus prudents sur la dynamique de souscription pour 2024.
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Les deux premiers assureurs agricoles, Groupama et Pacifica, ont dressé à tour de rôle dans la semaine devant la presse un bilan de l’année 2023, un an après la mise en place de la réforme de la gestion des risques.
Une réforme qui a porté ses fruits puisque la part des surfaces assurées en multirisque climatiques est passée de 17 % en 2022 à près de 24 % en 2023. En grandes cultures, 33 % des surfaces sont désormais assurées contre les aléas climatiques. La progression est notable sur les prairies où les surfaces assurées sont passées de 1 % en 2022, contre 9 % en 2023. En arboriculture, la progression est de + 7 % en un an (12 % des surfaces assurées en 2023).
Une année 2023 de moindre sinistralité
L’année 2023 s’est aussi démarquée des années précédentes par sa plus faible sinistralité.
Groupama enregistre un rapport sinistre sur cotisation (S/C) inférieur à 50 % en multirisque climatique (MRC). Les grandes cultures portent la charge de sinistralité la plus élevée (72 %), suivies par les vignes (23 %) et l’arboriculture (5 %). La sécheresse et la grêle restent les deux évènements climatiques majeurs de l’an dernier et qui ont le plus mobilisé l’indemnisation de solidarité nationale. Groupama annonce comptabiliser 320 000 ha sinistrés par la sécheresse et 290 000 ha par la grêle.
Chez Pacifica, le rapport S/C de l’année 2023 est de 53 %. « En productions de fruits, ce rapport est supérieur à 90 %, analyse Jean-Michel Geraeert, directeur du marché de l’agriculture et de la prévention de Pacifica. Ce sont les cultures d’hiver qui nous ont permis de rester à 53 % ».
Quelle dynamique en 2024 ?
Si une bonne dynamique a été observée en 2023 sur les souscriptions à la MRC, les premières tendances pour 2024 sont pour l’heure moins optimistes. Les récentes manifestations ont mis à l’arrêt les souscriptions. « Les dix jours qui ont suivi la fin des manifestations ont permis de rattraper le temps perdu sur les fermes, explique Jean-Michel Geraeert. Chez Pacifica, il nous manque un tiers par rapport au prévisionnel. Mais l’activité redémarre depuis une semaine ».
Même constat chez Groupama qui relève également moins de sollicitations de la part d’éventuels nouveaux souscripteurs. « En élevage, les stocks fourragers réalisés en 2023 sont importants, la situation est moins critique que l’an dernier et cela ralentit la dynamique », justifie Nadia Roignant Creis, directrice du marché agricole pour Groupama.
Pour rappel, les souscriptions sont ouvertes jusqu’à fin février en arboriculture et fin mars pour les grandes cultures et les prairies.
De nouvelles revendications
Les récentes manifestations du monde agricole ont également fait émerger de nouvelles revendications auprès des assureurs.
« Il y a de très fortes attentes des agriculteurs en termes d’assurance pour corriger des effets négatifs et difficilement supportables par les agriculteurs », observe Pascal Viné, directeur des relations institutionnelles pour Groupama. Pacifica rapporte notamment avoir été sollicité pour la prise en charge des pertes liées aux risques sanitaires, comme le mildiou ; la prise en charge des baisses de rendements consécutives au passage en agriculture biologique ; ou encore les effets sur la production de l’interdiction de certains produits phytosanitaires tels que les néonicotinoïdes.
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